Les portières, voilà un sujet intéressant. Et pour tout dire, je suis tombé dessus un peu par hasard en lisant un article sur les « portes de voiture ». La porte ou la portière les deux acceptions sont utilisées dans le langage courant. On parle d’un véhicule à 2, 3, 4 ou 5 portes. Les 3 et 5 portes disposent d’un hayon en contact avec l’habitacle. On le considère comme une porte. C’est assez étrange d’ailleurs puisqu’on n’accède pas à son véhicule par l’arrière. Sauf peut-être pour un modèle oublié, le Zundapp Janus (1957) ou l’audacieuse Tesla model S (2012) qui permettent d’installer deux enfants dans le coffre arrière. La plupart des véhicules actuels disposent de 4 ou 5 portières à l’exception des sportives de luxe ou de la Mini.

Au-delà de ces anecdotes, je me suis intéressé à la façon de concevoir l’ouverture des portières. De nos jours, la très grande majorité s’ouvre de l’arrière vers l’avant. Il n’est pas rare de trouver une porte coulissante comme sur la Citroën Berlingo ou des portières antagonistes de la BMW i3. D’autres mécanismes existent.

❖ Portière papillon (Falcon)

Tout de suite, quand on évoque l’ouverture papillon, on pense aux modèles Lamborghini. Pourtant, les premières apparitions sont plus anciennes. Certains disent qu’on doit cette originalité à la sortie de la Mercedes 300 SL. La hauteur de la portière a été pensé pour une assise basse et permettre de la fermer à bras tendu. Depuis, la marque allemande a mis à jour sa monture avec la Mercedes SLS AMG. Dans un autre registre, on ne peut passer sous silence la célébrissime DeLoréan (1975) du film ‘Retour vers le futur’. Autre phénomène, la Tesla Model X dont la commercialisation est toute proche et ses portières arrière électriques.

Mercedes 300 SL
Mercedes 300 SL

Autres modèles: Melkus RS 1.000, Lamborghini Marzal.

❖ Portière en élytre

L’élytre est repris à nouveau du monde des insectes. Ce n’est pas l’aile mais la partie qui la protège. On peut voir l’apercevoir distinctement sur les coccinelles. Les élytres, rouges tachetées de noir, se trouvent en suspension permettant le battement des ailes. Dans le monde automobile, l’élytre (ou la portière ciseau d’après la traduction en anglais) c’est ce qui distingue une berline ordinaire et le nec plus ultra de la voiture de supercar. Tout est dans la démesure jusque dans les portières. Cette fantaisie rend le système de charnière plus complexe et donc plus fragile.

Lamborghini Aventador
Lamborghini Aventador

On trouve de nombreuses variantes dans les systèmes de redressement des portes en fonction des constructeurs: Lamborghini Countach, Lamborghini Diablo, Ferrari Enzo, McLaren MP4-12C, Bugatti EB110

❖ Portière frontale

L’Isetta est la voiture par excellence du début des années 50. Compacte, elle est pratique pour la ville. Les Français la désignent comme le « pot de yaourt » en raison de sa couleur blanche, sa taille réduite et sa forme ovoïde qui fait penser au fromage frais conditionné dans des petits pots en verre. L’ouverture de l’unique portière frontale se fait vers l’avant du véhicule. Elle permet entre autre de se ranger facilement face à la bordure du trottoir. Le toit ouvrant en tissu permet de s’échapper en cas d’accident.

BMW Isetta
BMW Isetta

❖ Portière suicide

Avec un nom comme ça, c’est plutôt flippant. À l’inverse d’une portière ordinaire, celle-ci s’ouvre vers l’arrière. À l’origine, on la trouvait plus pratique surtout pour les personnes peu mobiles. Il suffisait de s’asseoir et ramener les jambes à la façon des princesses. On la retrouve sur les premières versions des 2 CV, la Fiat 500 ou la Coccinelle. Très vite, elle a été interdite dans les années 60. Les serrures d’époque n’étaient pas vraiment fiables et la portière pouvait s’ouvrir accidentellement en marche du véhicule. Face au vent, elle pouvait s’arracher et ne plus jouer son rôle protecteur. Pire, le conducteur pouvait se faire happer à cause de la prise d’air. On se croirait dans un film d’horreur! Dans ces conditions, il fallait vraiment être au fond du trou pour vouloir s’acheter ce type de voiture. Depuis, l’automobile s’est bien améliorée en termes de sécurité et le risque d’ouverture est quasi inexistant. Les systèmes sont tellement sûrs que la portière a refait surface avec par exemple la Rolls Phantom Drophead Coupé.

Chevrolet Master
Chevrolet Master

❖ Portières antagonistes

En installant une portière suicide à l’arrière, on obtient des portières antagonistes. La porte arrière s’ouvre dans le sens inverse de la porte avant. Elle offre une ouverture plus large et un accès plus confortable pour les passagers. L’idée a été reprise dans les années 60 avec la Facel vega excellence, sans montant central. Cette architecture originale (sans montant) pose un problème majeur de sécurité. En cas de choc frontal, il fallait prévoir une alternative efficace pour éviter que la tôle ne se rétracte comme une cannette. Actuellement, les portières antagonistes sont surtout visibles lors des concept-cars et permettent d’apprécier pleinement l’intérieur de l’habitacle. C’était le cas pour la présentation de Renault espace V qui bénéficie au final que de simples portes. Désillusion !

D’autres marques s’y essayent… à moitié. On pense à l’Opel Meriva mais aussi du plus haut de gamme comme la Rolls-Royce Ghost. Et quand la porte arrière est nettement plus réduite, le montant central disparaît. C’est le cas sur des spécimens sportifs comme la Mazda RX8 (2000), ou des gabarits plus réduits comme la BMW i3, ou encore la Mini Clubman Cooper S de 2007 qui ne s’ouvre ainsi que du côté droit.

Mazda MX30
Mazda MX30, aucun montant central
Opel Meriva
Opel Meriva

Autres modèles: Opel Kadett 1938, Simca 8, Salmson S461, Ford Vedette.

❖ Portière coulissante

La portière coulissante glisse sur un rail comme celle situé à l’arrière des véhicules utilitaires ou de certaines camionnettes. La Ford B-Max n’a pas fait long feu. En version électrique, on retrouve la Peugeot 1007 (2005) mais ce modèle ne sera pas franchement une réussite commerciale. Les deux portières s’ouvrent vers l’extérieur et se glissent sur un rail à même la carrosserie.

Peugeot 1007
Peugeot 1007

❖ Portière escamotable

On connaissait la Kaiser Darrin 161 dont la portière se glissait vers l’avant du véhicule et se logeait dans la carrosserie. Pas très pratique à l’usage, mais c’est ce qui faisait aussi son charme. Dans un autre style, la Renault Estafette 800 (1959) était un utilitaire dont la portière conducteur coulissait, cette fois-ci vers l’arrière. Une facilité non négligeable pour les arrêts fréquents lors des livraisons.

Kaiser-Darrin
Kaiser-Darrin

Au niveau électrique, la Lincoln Mark VIII (1992) fait forte impression avec un rangement vertical. Une pression sur le bouton et la portière disparaissait dans le plancher comme par enchantement. Un peu comme un cabriolet mais pour les portes. Pratique pour sortir d’un stationnement exigu sur un parking de supermarché.

On se souvient également de la mythique BMW Z1 (1988) produite en série. Et dire qu’on pouvait rouler les portières ouvertes. La classe !

BMW Z1
BMW Z1

À lire ailleurs: « Opération portes ouvertes ».