Selon un article de SudInfo, les candidats qui se sont présentés à l’examen pratique pour le permis de conduire B ont mieux réussi (59%) que ceux qui passent par la case auto-école (53%). On pourrait penser qu’il est plus intéressant de suivre le modèle avec guide.

❖ Le leurre des trente heures

Dans le système P30, l’élève suit 30 h de cours pratique et se présente ensuite à l’examen sans faire de stage. Un peu comme le système français (min. 20 heures puis le moniteur décide d’ajouter ou pas des heures avant de présenter l’élève). L’idée initiale était d’accélérer le processus pour permettre à ceux qui sont à la recherche d’un emploi, de compléter leur CV avec cette compétence. En effet, ne pas avoir de permis de conduire peut amener un employeur à préférer une autre personne. Dans ce modèle des 30 heures, l’élève débute sans aucune connaissance. En montant 15 fois dans un véhicule, il serait apte à rouler en toute autonomie. C’est bien sûr un leurre ! Quiconque a obtenu son permis sait que seule la pratique permet d’acquérir de l’expérience, des compétences, de la confiance, etc. Un élève ne peut pas être prêt après trente heures. Cependant, il y a des élèves qui ont déjà une expérience de conduite, suivi un autre parcours et commencent déjà avec une expérience. Dans ce cas, les chances de réussite sont plus élevées.

En imaginant des sorties de 20 km par session de deux heures, cela fait 300 km. Disons 400 km pour l’apprentissage de l’autoroute.  C’est peanuts ! Je ne dis pas que personne n’est capable de réussir le permis mais l’expérience est tellement faible qu’il ne permet pas d’avoir des automatismes, de l’aisance, de la gestion de conflit entre usagers, de gérer des situations nouvelles, etc. En filière, du côté wallon, le RoadBoock nécessite de rouler au moins 1.500 km. C’est un minimum.  À titre de comparaison, on dit qu’un conducteur expérimenté a au moins roulé 10.000 km. Pour être aguerri, il faut 100.000 km.

Il y a également ceux qui ont un véhicule mais qui ne prennent pas le temps de se préparer et de saisir toutes les occasions de rouler. Cela pose réellement la question de la motivation (pourquoi je veux obtenir le permis ?). Il y a une sous-estimation du niveau attendu à l’examen pratique. Ces élèves ont roulé une ou deux fois par semaine, souvent pour faire les mêmes trajets et leur permis provisoire arrive à expiration. Pour se donner bonne conscience ou pour avoir des bons tuyaux, ils font deux heures de « perfectionnement » en auto-école. Là, c’est la douche froide! Même les bases ne sont pas bonnes. Et comme dit le dicton « ce n’est pas la veille de la chasse qu’on élève son chien ». Et quand le moniteur annonce la couleur, il est convaincu que l’auto-école ne cherche qu’à lui vendre des heures pour faire tourner la boutique.

Selon moi, la meilleure formule c’est une combinaison des deux systèmes: une base en auto-école, de la conduite (accompagnée et seule) pendant plusieurs mois et une préparation d’examen. Les sorties doivent être variées pour ne pas rester bloqué dans sa zone de confort. Cela suppose donc d’être lucide sur son budget et de prendre le temps nécessaire. Tout est une question de motivation et de priorité.

❖ Prévoir un budget conséquent

J’ai parfois des élèves qui viennent de la filière libre après deux échecs à la pratique. Ils sont alors obligés de suivre 6 h en auto-école. Dans leur esprit, ils se disent qu’ils vont encore devoir payer des heures pour réussir ce permis. Et pas question que le moniteur lui rajoute des heures. Pourtant, même si ces élèves ne veulent pas l’accepter, rouler en voiture est un investissement à perte. Autrement dit, cela coûte beaucoup plus que cela ne rapporte. Et ça, il faut l’intégrer dès le début. Cela veut dire que si vous êtes tendu financièrement, ça va être compliqué de réussir puisque le secret de la réussite c’est de rouler, rouler et encore rouler. En se déplaçant, on dépense des consommables, on use la voiture, on remplace des pièces, on risque des accidents, on paye des éventuelles amendes, etc.